16 août 2016

Nexzr - PCE Super CD-ROM²

Ou "Naxar" en 1992


Que ce début d’année 2016 fût triste, les célébrations du nouvel an ont fait place au recueillement suite à l’hécatombe de musiciens et acteurs qui nous ont quittés prématurément. Toute proportion gardée, le microcosme rétro vidéo ludique n’y a pas échappé non plus avec la fermeture du studio Naxat. Méconnu par une grande majorité des joueurs occidentaux, cette annonce a mis en émoi surtout la communauté des machines Nec, l’éditeur/développeur ayant le plus sévi sur PC Engine. Un hommage à cette boîte s’impose donc et quoi de mieux que de la mettre en valeur par le biais d’un de leur chef d’œuvre ? (et accessoirement un de mes Shoot Them Up préférés) Tremblez amis diabétiques, mon écœurante et dégoulinante guimauve s’extirpe de mon vil esprit de bisounours, car si je ne devais retenir qu’un seul shoot sur PCE pour m’exiler sur mon nuage ou moins fantasque, sur une île déserte, ce serait le grandiose Nexzr !



Sous ce nom pharmaceutique se cache une puissante dose de dopamine à consommer sans excès. Une addiction qui en ferait oublier sur son îlot la cueillette de bananes pour s’en graver une bien profonde sur une face rachitique de barbu Crusoé. Mais avant cela, il faut se plonger dans ce jeu ô combien ambiancé dont l’intro émouvante bouleversera le chevalier blanc qui sommeille en vous. Sa mise en scène d’une vendetta sur fond de space opera en jette un max. Nul besoin de parler jap pour comprendre que le crime d’une jolie pilote abattue par un blanc bec dans son mecha rutilant a mis en rogne son poto d’escouade. Rouge est la carrosserie de l’ennemi, tout comme la haine palpable dans le regard désabusé de notre héros.


D'ordinaire, je me contrefous royalement des introductions dans ce genre de jeu. Le but du SHMUP (ou STUP comme disaient les vieux cons) est juste prétexte à assouvir son obsession maladive de tout maraver à l’écran. Or là, il m’arrive parfois de la mater avec un silence religieux. Elle n’est pas superflue et je m’imagine qu’en 1992 le joueur découvrant Nexzr (et qui sait, le format CD de même) n’a pas eu que des étoiles tapissées dans les backgrounds, mais bel et bien aussi dans ses yeux. A cette époque je tâtonnais encore du pad Nes, consommant des intros avec simples textes et images fixes cradingues pixelisées, le tout sans digits vocaux ! Ma main à parier que ma tête se serait dévissée vitesse grand V à la première minute du jeu. Sans parler de l’état de stress post traumatique de retour à la maison en jouant à mon antique Nintendo… Fort heureusement je n’avais pas d’amis (bourgeois) possesseurs de cette formidable console et n’eus pas à mouiller mes draps nuits après nuits (la Neo Geo étant mon premier fantasme vidéoludique).






Hélas pour moi (j’aime jouer les causettes), dans mon exploration du catalogue CD de la PCE, je me suis pris d’amour pour ce Nexzr qui me le rendit en retour non sans un peu de masochisme. Encore un dont la réputation souffre d’un manque d’investissement des joueurs. Je suis las de lire que des gens puissent le qualifier de très difficile, voire infaisable. Sans dénigrer qui que ce soit (et j’insiste), ce sont probablement les mêmes personnes qui en général au menu principal d’un jeu vont direct dans les options pour changer le niveau de difficulté en easy. Malheureusement pour eux, il n’y en a pas ici, ce qui expliquerait bien des choses sur cette fameuse réputation du jeu, n’est-ce pas ? Bref, si pour vous qui lisez ce test, une succession de perte de vies justifiée est une étape évidente dans votre marge de progression et qu’un minimum de challenge vous émoustille, alors je vous invite à lire la suite et éventuellement à m’ajouter comme coupaing sur fessebouc.


Quand je qualifie de “justifier” les pertes de vies, je me dois d’éclaircir ce propos et d’aborder du même fait le gameplay PARFAIT auquel nous avons à faire. Combien de fois dans un jeu du même genre, on peste après la hit box (masque de collision de son vaisseau) ? Beuglant des : “Hit box de m**de”, “P**ain mais ça passe là !”, “Quoi ?! Mais d’où je me fais toucher b**del ?”, dieu qu’il ne fait pas bon de vivre avec un Shmupper. Je m’abstiens de mentionner les cas de détériorations de biens, ou de chats maltraités par un lancer de pad somme toute involontaire (vraiment ?). Ici, le seul responsable de cette loose est à mettre à votre encontre. Rarement j’ai eu en main un jeu aussi bien calibré et d’une précision aussi millimétrique. On meurt en silence, mâchoire crispée, confirmant d’un hochement de la tête qu’on a soi-même échoué lamentablement, n’ayant pas eu le réflexe ou l’anticipation nécessaires pour éviter un pattern ennemi. Le par cœur est bien entendu de mise dans ces shoots old school, et c’est avec un réel plaisir que l’on y revient, avançant toujours un peu plus loin à chaque session.




1 - "Espace, frontière de l'infini vers laquelle voyage notre vaisseau..."
- La donzelle perd sa combi en crevant. Quels coquins ces japs
- Mieux vaut prendre l'arme de gauche au début




Un reproche que j’ai souvent lu dans des avis : la lenteur du vaisseau. Là encore, je la trouve parfaite. M’est avis que ces joueurs n’ont pas dépassé la première moitié de tableau, ils se seraient rendu compte qu’elle est ajustée à l'environnement des niveaux, notamment dans des espaces qui requièrent un sang-froid mis à rude épreuve. Elle peut s’expliquer aussi logiquement pour les autres modes de jeux ardus où les boulettes pullulent. Autre particularité à laquelle j’adhère totalement, pas besoin de switcher entre une demi-douzaine de vitesses plus ou moins inutiles comme on peut en voir dans d’autres titres. Le pire étant ceux où il faut appuyer sur pause pour le faire aaargh… En fait vous n’avez qu’un seul bouton à user durant la partie, celui du tir. Une approche rétro simple et efficace qui plaira ou pas. C’est assez surprenant de la part de Kaneko, développeur responsable du mythique Super Star Soldier, plus nerveux en comparaison, bien que sorti plus tôt. Un retour aux sources en décalage avec ce qui se faisait en son temps.


N’espérez pas abuser de bombes pour vous sortir de la mouise car il n’y en a tout simplement pas. Il va falloir principalement anticiper la venue de vos ennemis et opter tactiquement pour l’arsenal le mieux adapté à la situation. A vous de trouver la bonne formule en combinant votre tir principal (trois en tout : celui par défaut, concentré, ou croisé) et votre seconde arme, au nombre de cinq. Bien distinctes, chacune a sa force mais aussi sa faiblesse, cependant elles peuvent être compensées par l’apport de votre tir principal. C’est réellement gratifiant par exemple de faire la peau à un boss en ayant fait sa propre tambouille. Un conseil pour le boss final, le tir croisé est primordial pour le canarder tout en se tenant à l’écart de son rayon laser fatal. Quoique pas si fatal si vous bénéficiez d’un bouclier pour vous sauver les miches une fois, la deuxième fois vous explosez et repoppez au dernier checkpoint. Autant dire que la chanson n’est pas la même quand vous recommencez à oilpé.




4 - Star Wing avant l'heure
- En hard ce passage devient plus chaud
- Après l'avoir battu j'ai cru finir le jeu... Fausse joie




Intéressons-nous justement aux musiques. Je ne vais pas tourner autour du pot, elles sont monumentales ! Ouvrez les écoutilles en grand et laissez ces cavalcades de mélodies orgasmiques et stratosphériques vous faire planer paisiblement dans l’espace ! Sans doute pensez-vous que je ne cultive pas que des bananes sur mon île pour débiter de pareilles billevesées ? Non mes timales, je suis juste subjugué par cet OST et je ne visualise que trop bien l’état émotionnel d’un Ulysse (sur son 31, pas le gueux des mers) envoûté par le doux berçant chant des sirènes durant son Odyssée. Difficile de ne pas succomber. Les ziks sont tantôt speedées, tantôt plus calmes, empreintes d’une légère mélancolie vous prenant implacablement aux tripes comme la poignante mélodie du premier niveau reprise au piano lors de flashbacks à la fin du jeu. Les bruitages eux aussi apportent un plus à l’immersion. Effets pyrotechniques en masse dès le premier niveau, les explosions se font dans une exaltante orgie sonore qui semble importée directement d’un animé japonais des années 80. Volume à donf fortement recommandé !


Graphiquement, on oscille dans ce qui se fait de mieux sur le support. Voguant dans l’espace, on pourrait que légitimement déplorer le manque de variété des décors, et pourtant, la pilule passe aisément avec succès grâce à ses nombreux sprites de décors et divers ennemis, le tout paradant sans ralentissements. Le fan de Macross et autres mechas se réjouira du design classieux de tout ce beau monde. Boss compris avec notre fameux nemesis rouge bien mieux réalisé que son occupant dans les scénettes. In game, le level design dépote avec quelques idées bien senties : un épique conflit spatial en ouverture, des champs d'astéroïdes par la suite, le fameux labyrinthe du stage trois défilant à toute vitesse et mettant vos nerfs à rudes épreuves, l’interstellaire à dézinguer sur toute sa longueur ou bien le dernier niveau se déroulant dans un complexe où vous devrez faire preuve de dextérité et tacticité pour en venir à bout. Alors ok, quatre stages se déroulent sur fond étoilé mais honnêtement à aucun moment une impression de déjà vu se fait ressentir. Les stages sont réellement bien distincts et il est préférable que cela soit épuré plutôt que de nous proposer un sol terrestre cracra et peu crédible comme on a déjà pu le voir sur cette machine.





7 - Influence DBZ ce gadget à l'oeil ?
- Un moment grisant parmi tant d'autres
- L'anticipation est primordiale !




La réalisation fait honneur à la PC Engine qui en 92 est à son apogée. Elle aura produit quelques un de ses plus grands shoots : Rayxanber III, Gradius II, Star Parodia, Alzadick, PC Denjin, Soldier Blade ou le démentiel Gate of Thunder. Ce dernier est souvent le plus plébiscité par les possesseurs de la console. Nexzr n’innove certes en rien, le qualifier de pièce maîtresse serait absurde. Nonobstant ce classicisme affirmé, il est selon moi ce qui se fait de mieux en termes d’expérience dans un shoot typé old school. Passé logiquement inaperçu chez nous à sa sortie, la presse française n’a pas été tendre avec lui. Faisant même les frais d’un pigiste de Player One âgé de dix-huit ans et demi (on précise le demi pour les minots), le jeu aura eu la malchance d’être la victime d’un des tests les plus honteux qu’il m’ait été donné de lire (cliquez ici pour le consulter). Ce n’est pas tant la note de 70% (quoi que 68% pour la durée de vie alors qu’elle est normale et guère mieux pour le son, ouch…) qui m’attriste, mais le peu de sérieux de son auteur.


Faut pas être devin pour présumer que ce jeune mâle en rut ne s’y est pas attardé. Sans doute est-il plus en émoi par le décolleté aguicheur d’une MILF réceptionniste ou d’une jolie stagiaire aux tétons qui pointent à chaque courant d’air. Elles auront eu le mérite au moins de lui inspirer cette mémorable et originale intro de test qui fera date dans le milieu. Plus sérieusement, je présume au vu de ses dires et en l'occurrence d’un screenshot, qu’il n’a pas dû aller plus loin que le mid boss du stage trois. Lamentable, je ne blâme pas ce jeunot mais le rédacteur en chef pour sa responsabilité en publiant un tel article. L’amateurisme de la presse d’antan dans toute sa splendeur... L’idée que des joueurs sont passés à côté de ce bijou à la lecture de cet étron me fout en rogne.






Summer Carnival '93 Nexzr Special : Peut-être avez-vous été tentés de checker les prix de Nexzr sur la baie et vous êtes tombés sur cette édition “special” moins onéreuse affublée de l’appellation Summer Carnival. Qu’est-ce donc que le Summer Carnival ? Un concours de Scoring organisé par Naxat Soft à travers tout le Japon. L’équivalent du fameux Summer Caravan de Hudson qui vu l’émergence de Takahashi Meijin, célèbre ambassadeur de la marque. A chaque année son jeu, Nexzr étant sorti en décembre 1992, c’est l’été d’après qu’il se prêta au concours sur PC Engine. Pour l’occasion deux très bons modes de scoring furent ajoutés, un score attack et un time attack. Quelques nouveaux ennemis et musiques sont ainsi apparus dans cette version commercialisée au rabais à l’époque. Si le prix l’était, le contenu moins puisque le jeu original lui-même est intégré dedans, seule l’introduction n’apparaît pas. Si votre budget est serré et que vous privilégiez le contenu (à l’exception de l’intro) et non le packaging, (la notice blanche fait pâle figure face à la magnifique illustration de la première édition), cette version est faite pour vous.





Un one life que j'ai réalisé pour la chaîne Necstasy




Heureusement, je rectifie le tir d’un coup de blaster en direction de vos miches pour vous inciter à vous le procurer dans les plus brefs délais ; sous peine d’avoir foiré votre vie en ayant pris gamin un abonnement à Player One (“Bouuuuuh”, huée C’est mon choix © 2016). Mieux vaut tard que jamais, cette perle rare ne demande qu’à être découverte puis sertie sur votre console. Aujourd’hui encore ce joyau dégage une aura hypnotique et fascinante (la bande son n’y est pas étrangère) malgré, il est vrai, une mécanique un brin trop classique. S’il était une femme, il serait l’égérie d’une marque de haute couture. Diaboliquement classe et si peu accessible pour le premier venu, tandis qu’en comparaison, un Gate of Thunder aux formes plus sexy se laisserait aborder vulgairement d’une tape sur la fesse pour finir à quatre pattes dans le carré VIP d’un boui-boui. J’exagère bien évidemment, les deux sont géniaux mais mon cœur penche clairement pour Nexzr. A prescrire sans ordonnance une fois par jour de préférence le soir après une douche relaxante ou sans modération pour les plus vaillants d’entre vous dont la skill ne demande qu’à être assouvie. Merci à la paire Naxat/Kaneko, votre rejeton vous fera encore honneur dans les prochaines décennies à venir !



 
Classique dans son gameplay mais bénéficiant d’une ambiance dont seuls les nippons ont le secret, il fait honneur au genre et constitue un excellent space opera sur PC Engine. Par ailleurs, il lui livre aussi l’une des plus belles OST vidéo ludique jamais créée à ce jour. Si je devais retenir et conseiller qu’un seul jeu du joli catalogue de Naxat (voir de la console) ce serait sans conteste Nexzr !


LES PLUS

  • Classe à Vegas
  • Musiques et effets sonores
  • Maniabilité
  • Ambiance
LES MOINS

  • Pas de mode easy pour les rookies
  • Old school


1 commentaire:

  1. Excellent article, très pertinent et très bien écrit - comme toujours -, un réel plaisir à lire.
    Je vais partager cette page un peu partout ;)

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